Je me suis donc fait plaisir avec les fleurs, oui. Mais surtout une fois que nous étions rodées sur l'organisation et sur son style.
Les bouquets ont été les plus faciles à intégrer. À plusieurs reprises cependant, elle ait dû nous reprendre pour que nous arrivions (et pensions bien) à faire la forme de boule qu'elle voulait, et non un bouquet "plat". Les fleurs pointues en haut, un dégradé de forme ensuite, pour des bouquets qui, loin de bouquets traditionnels des boutiques, avaient un charme fou.
Pour les compositions piquées, il a fallu un peu plus de temps. Comprendre qu'il ne fallait pas plus de 3 - 4 variétés de fleurs, les traiter systématiquement en masse, toujours créer des niveaux de hauteurs, et utiliser des fleurs « qui tiennent bien ».
J'explique tout cela aujourd'hui, mais nous n'avions alors aucune "fiche artistique" présentant ces principes de composition. À chaque fois que nous voulions réaliser une composition et nous avancer ainsi sur l'ensemble de la confection, nous nous inquiétions toujours de savoir si cela allait convenir, ou s'il allait falloir tout refaire (souvenez-vous que nous étions toujours dans l'urgence).
Au début, ma collègue, cherchant à trop me protéger, m'interrompais dès que je posais une tige, et me faisais douter. Nous perdions du temps, et je n'étais pas libre de faire comme je le sentais. Une semaine, ma responsable m'envoya plusieurs jours de suite en livraison à plus d'une heure de route. Je passai mon temps dans la voiture, je ne vis rien de la confection, et j'enrageai. Comment se sentir fleuriste lorsqu'on ne touche pas aux fleurs, tandis que votre collègue reste elle à l'atelier tout faire ? Et comment gagner en savoir-faire si l'on ne pratique pas là où il y a de la matière ?
À partir de ce jour-là, décidée à ne pas ressortir frustrée de cette expérience, je me suis forcée à prendre en main la confection. Chaque semaine, je choisissais de faire les compositions hautes, au risque que mes réalisations ne plaisent pas, et ne plus écouter les conseils dictés par la bonne intention de ma collègue. C'est alors seulement que j'ai pu commencer à me faire plaisir, créer de belles compositions, lesquelles, au final, étaient chaque fois approuvées !
En photo, ces compositions que j'ai réalisées dans le style de l'atelier. Pour le duo blanc, ma responsable avait fait la grande, et m'avait confié la petite !
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