C’est une phrase que l'on m'a souvent sortie, les premières années, dans les boutiques traditionnelles. J’ai toujours trouvé ça plutôt curieux ; faire les choses sans réfléchir ? Sans comprendre ? Être en reconversion, à 37 ans, ça a été pour moi apprendre à me couler dans un fonctionnement qui ne m’était pas naturel, tant au niveau de l’organisation que de la confection. Je ne pouvais pas faire les choses bien de manière instinctive.
Piquer des fleurs dans la mousse, par exemple, pour faire une composition de deuil, demande d’évaluer à quelle longueur couper sa tige et où la piquer. Au début, difficile d’évaluer la bonne longueur du premier coup (cette longueur dépendant de la forme générale de la composition, le volume de cette forme dépendant lui-même du budget donné par le client).
Mes employeurs me disaient : « À mon avis, tu réfléchis trop. Coupe et pique ».
Une chose est sûre, c’est que le stress et la pression me font me poser plus de questions, me rendent plus hésitante. Agir sans réfléchir, ça demande une bonne dose de confiance en soi, de maîtrise et de savoir-faire que je n’avais pas.
Mais par ailleurs, même lorsque j’ai commencé à maîtriser certaines choses, avais je vraiment envie de tout faire sans regarder ni réfléchir ? Fait-on une reconversion dans les fleurs pour travailler comme un robot ?
Je veux prendre du plaisir à faire ce que je fais, regarder mes bouquets, marier les couleurs, disposer les fleurs.
Faire de la confection en mode automatique ne m’intéresse pas.
En photo, des pièces de deuil (ce qu'on appelle des coussins ronds), ici très formelles, que j'ai réalisées dans les diverses boutiques où j'ai travaillé.
Comments