Quand j'évoque mon activité d'avant à ceux qui me posent la question : « Et tu faisais quoi avant ? », systématiquement, on me sort, sur un ton à la fois étonné, enjoué et enthousiaste : « Oh, ça devait être intéressant !! « ou bien : « Ça, c'est intéressant !! ».
Historienne du patrimoine pour des architectes et ingénieure de projets culturels pour de grandes institutions, c’est sûr, ça doit faire son effet. Mais comme tout, il y a ce que le l’on projette dessus, et la réalité d'un fonctionnement de travail.
À ceux à qui je tente d'expliquer pourquoi j’ai dû changer de métier et de secteur d’activité, je réponds :
Certes le contenu était très intéressant, et cela m’a passionné. Mais après 10 ans de recherches et de logique intellectuelle, j’avais besoin de changer d’univers et de dynamique : je ne supportais plus de devoir produire du contenu toute la journée devant un écran, toujours jongler entre chez moi, les bibliothèques et les centres de documentation pour avoir un lieu de travail, être entourée de boîtes d’archives, d’étudiants et de retraités. J’avais l’impression de ne pas être dans un vrai fonctionnement professionnel.
De plus, je me suis toujours sentie en décalage avec le fonctionnement du milieu de la recherche. Par exemple, j’avais besoin d’un temps cadré, clairement réparti entre travail et temps libre, ce qui était incompatible. De même, dans les institutions, les projets mettent des mois à se mettre en place, et prennent 2, 3, 6 mois, 1 an et demi à aboutir, voire plus. Or, moi, je suis tranquille lorsque les choses sont faites. Alors imaginez …
Je pourrais continuer à expliquer ce qui ne me convenait plus, notamment les mails quotidiens et le temps passé à les traiter, qu’être de plus en plus reconnue et sollicitée me mettait la pression, et m’entraînait dans une direction qui ne m’allait pas (conférences et présentations, commissions, dîners), mais je m’arrêterai là.
En 2014, mon corps ne m’a pas laissé le choix : mes yeux étaient explosés dès que je passais plus d’1 heure devant l’écran, rester concentrée des heures sans bouger devenait une torture, je luttais pour ne pas m'endormir et sentir mes jambes complètement s’engourdir.
Avec une mononucléose détectée sur le tard et un traitement médicamenteux que sans le savoir je ne supportais plus, j’étais souvent malade et il m’arrivait régulièrement d’être en asthénie, une fatigue pathologique qui me faisait passer des journées à dormir.
Changer de fonctionnement professionnel s’imposait avec urgence.
La bibliothèque historique de la Ville de Paris, un de mes principaux lieux de recherches.
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